Le foyer. Un lieu de détente, de jeu. Les cours étaient finis, quartier libre pour moi. Je n'ai aucune envie de rentrer chez mes géniteurs, même si ma mère était rentrée d'une conférence. Raison de plus. Mes pas se dirigent donc vers le foyer. Je lâche un soupir, étouffé par mon masque. Enfermée... Je verse une une larme de rage, contenue. Et, bien que je verse une larme, aucun autre élément de moi ne laissent deviner mes sentiments.
Enfouis. Enfermés. La larme tombe par terre. Ma bouche reste close, mes paupières a moitié fermées dans un regard blasé. Toujours la même expression. Je pose ma main sur la poignée de porte de la salle recherchée. Je jette un coup d'oeil a ma main. Recouverte par un gant en cahoutchouc. Je hais ma mère. Même si ce n'est pas "correct". Mes mains ne touchent rien d'autre que l'hideuse texture du gant, et je ne respire aucune autre odeur que celle du plastique qui constituait mon masque. Une prison... Ma main fini son geste, et j'entre dans le foyer, accompagnée d'un grincement de porte. Quelques personnes parlaient a voix basses, tandis que d'autres jouaient au baby-foot.
Un humain tourne la tête vers moi, voyant mon étrange tenue. J'avais plus ma place dans un hôpital que dans un lycée... Et mon étrange peau, qui laissait voir mes veines, n'étais pas du plus esthétique. Ajoutez a ça mon âge plutôt jeune pour être au lycée, ma minuscule taille et mon poids manquant, je pouvais être étrange. Beaucoup étais étonnés que je soit au lycée, me donnant... 12 ans?
Je soupirais a nouveau, mais un soupire effacé, et exaspéré. Je détestais que l'on me remarque. Mais je n'étais pas timide pour autant. Je repérais une banquette, loin du soleil. J'amene a moi un coussin, et m'installe confortablement. Je sort mon MP4, et écoute un morceau au piano.
J'aurais bien joué au Babyfoot, mais avec mes gants qui glissaient, j'étais étonnamment maladroite. Et si je les enlevais, je risquait de toucher une substance allergisante. Non. J'étais sûre. Je fit un sourire amer. Cela faisait si longtemps que je n'avais rien senti...
L'envie d'enlever mon masque me prend. Non. Il y avait... Deux humains dans la salle, et un chat. Super. Les deux espèces que je supportais le moins. Non. Cela équivalait a du suicide. Et, bien que l'envie de partir me prenais de temps a autre, je préfèrais mourir "mieux". Et puis, qui sais si jamais je guérirais? Un nouveau sourire ironique se sculpta sur mes lèvres, et une pensée s'empara de moi: Non. Je ne guérirais pas. J'aurais beau me bourrer d'anti-istaminique toute ma vie, ça ne reglera rien.
