Tristesse... [Terminay]

Le soleil brillait et les nuages blancs qui étaient peu nombreux défilaient lentement dans le ciel bleuté, la journée s’annonçait tout simplement merveilleuse. Cela rendait Mugetsu de bonne humeur, face à l’unique fenêtre de son bureau, un peu de soleil faisait toujours du bien. Son regard vide semblait fixer un point invisible à l’horizon alors que la jeune hérissonne songeait au passé. Elle posa sa main sur la vitre et laissa un soupire traverser la barrière de ses lèvres. Dire qu'elle avait fait le tri au niveau du personnel, de tous les professeurs et de tous les élèves du lycée ainsi que rempli de nombreux dossier, tamponné et ranger. Le travail, c’est la santé ! Se disait Mugetsu qui ne put réprimer un sourire serein. Elle était habituée à travailler depuis toute petite et ça grâce à ses parents : C’était bien rare de trouver quelqu’un qui appréciait travailler. En y pensant, la principale Adjointe se demandait pourquoi elle avait décidé d’un tel métier, on ne fait que remplir des dossiers, appliquer les lois, punir et faire avancer les élèves dans leur vie. Sûrement à cause de ce qu’elle avait vécu, ses parents l’avaient poussé à faire un métier qu’elle n’aimait guère alors que là tous ces élèves avaient encore le choix. Mugetsu voulait les encourager à faire quelque chose dans leur vie qui leurs plairait.

Trêve de bavardage, elle retourna remplir les derniers dossiers et décida ensuite de rendre son bureau plus présentable en replaçant correctement les objets qui y étaient posé et en rangeant des documents dans les tiroirs. Une fois ceci fait, elle attrapa deux livres qui étaient posé sur une étagère, elle devait les rendre au CDI aujourd’hui même et donc elle choisit de si rendre immédiatement. En sortant du bureau, Mugetsu aperçut une jeune fille courir dans le couloir, elle paraissait désorientée et stressée. La petite avait l’air de chercher sa salle de cours, la pauvre se disait-elle. Mugetsu aurait voulue l’aider, mais l’élève monta rapidement à l’étage du dessus et elle n’eut donc pas le temps de l’appeler. Elle se disait qu’elle ferait mieux de rapporter les livres, le CDI n’était pas bien loin. Plus tard, les livres rendus elle decida d’en reprendre un autre, elle appréciait énormément la lecture et c’était un très bon passe temps.


La sonnerie retentissait et elle aperçut, parmi les nombreux élèves qui quittait leur salle, la jeune fille de tous à l’heure qui avait un visage remplie tristesse. Ce fut plus fort qu’elle, Mugetsu se mit à la suivre, n’aimant pas la voir mélancolique. L’humaine sortit du bâtiment et se dirigea en direction du lac. Elle laissa échapper un grognement après avoir remarqué que le ciel devenait de plus en plus gris et maussade, il allait pleuvoir. Une de ses mèches de cheveux se transforma en gueule et cracha un parapluie qu’elle ouvrit lorsqu’une pluie soudaine tomba. L’hérissonne vit l’élève recroquevillée au bord du lac et avait l’air de se ficher de la pluie. Mugetsu s’approcha, se baissa près de l'élève et partagea son parapluie avec la jeune fille tout en lui souriant chaleureusement. Elle lui tendant un mouchoir.

« Tu ne devrais pas rester comme ça sous la pluie, tu risque d’attraper froid. »

« Qu’est-ce que ça change de toute façon ? Malade ou non ça ne posera pas plus de problèmes que je n’en ai déjà. »

« Tu es tellement jolie, ce serait vraiment dommage que tu tombe malade et que tu rate les cours. Sache que si tu as un problème quelconque, je suis là et tu peux m’en parler. Ceci est l’un de mes rôles en tant que Principal-Adjointe. » Dit-elle d’une douce voix.

« Il fait froid, se serrait bien que l’on rentre toute les deux se mettre bien au chaud, tu ne crois pas ? »

Partageant à présent ensemble le parapluie, Mugetsu posa sa main sur l’épaule de l’élève et la mit un peu plus à l’abri de la pluie. De toute manière cela ne dérangeait en aucun cas la Principal Adjointe d’être un peu mouillée. Remarquant que la jeune fille grelottait et qu’elle aussi commençait à avoir froid, elle allongea ses cheveux qui entourèrent leurs cous, leur servant ainsi de grande écharpe. Elle avait l’impression d’avoir l’instinct maternel, aillant la forte envie d’être une bonne mère pour cette douce enfant. C’était un peu normal, à l’âge de vingt-sept ans on commence à apprécier les enfants et à en vouloir. Cette petite qu’elle protégeait était très jolie, ses longs cheveux ondulés et roux lui tombaient en bas du dos. La Kitsune avait une jolie petite frange et une peau blanche ravissante et douce au touché. Elle portait correctement son uniforme, contrairement à certain caïd du lycée et paraissait être une élève assez sérieuse qui ne cherchait sûrement pas les ennuies : Elle était une fille que l’on ne croisait pas tous les jours dans la rue. Ses parents devaient probablement être très fiers d’elle, Mugetsu les enviait. La pluie commençait à se faire fine et le ciel à se dégager doucement, laissant les rayons du soleil passer. Il n’y avait rien de plus déplaisant que le mauvais temps : Quand il pleuvait les vêtements collaient à la peau, on devait annuler les activités extérieures et de plus, il faisait froid.

Elles marchèrent donc en direction du bâtiment et une fois arrivée à l’intérieur, sa chevelure repris sa forme initiale et Mugetsu installa la Kitsune sur l’une des trois chaises qui faisait face au bureau. Elle quitta la salle un instant et revint avec une serviette en main ainsi que deux tasses de chocolat chaud tenus par chacune de ses couettes. La Principal Adjointe posa la serviette sur la tête de la jeune fille, lui sécha les cheveux et lui donna sa tasse. La petite se mit à parler et Mugetsu la regarda avec un petit air étonné, cet enfant avait l’air d’avoir des soucis. Elle lui laissa la serviette et se mit assise sur la chaise d’à côté, elle attrapa la liste des élèves qui trainait sur son bureau et le regarda un bref instant. Akemi Uchiki était donc son nom et elle était en première. Peut-être avait-elle des problèmes avec certain de ses camarades de classe ou avec sa famille, qui sait ? Mugetsu en voulait savoir plus, mais n’allait en aucun cas insister si la jeune fille ne voulait pas.

« Pourquoi pleurais-tu toute seule au lac ? Je vois toujours une lueur de tristesse dans ton regard. Tu sais que tu peux tout me dire si tu as des problèmes, je t’aiderais même les résoudre. »

« Ne te force pas à m’avouer tes soucies, fait-le comme tu le sens. »

« Je … Je ne peux pas tout vous dire … Vous ne comprendriez pas … Quant à mes autres problèmes, c’est à moi seul de les régler. En revanche, il y a une chose où j’ai vraiment besoin de soutien, mais il faut que vous me promettez que je peux avoir confiance en vous … »

Ceci avait l’air très dur pour la jeune Akemi d’avouer ses secrets, sa voix était légèrement nouée par la timidité et par son manque de confiance. Mugetsu se demandait ce qu’elle aurait pu vivre de si dur dans le passé. On raconte que les adolescents mentaient, ce n’était pas vraiment des rumeurs, mais la vérité. Ils mentaient pour attirer l’attention ainsi pour se sentir moins seul ou soit pour se faire remarqué et faire son intéressant. Mais cette jeune Kitsune, elle était différente, elle était très sincère et Mugetsu pouvait être certaine qu’elle ne lui raconterait pas des bobards. Alors, elle sera donc à l’écoute de l’élève et l’aidera. Mugetsu prit la main droite d’Akemi et elles se serrèrent le petit doigt : C’était la coutume de la Principal Adjointe pour tenir ses promesses. L’hérissonne lui fit promettre qu’elle ne révèlera à personne son secret tout en la regardant de sérieusement. C’était la deuxième promesse qu’elle fit dans sa vie, la première était celle avec ses parents : Leur promettre passer chaque obstacles de la vie. L’hérissonne avait toujours tenue parole, une des nombreuses qualités.

« Je te promet que tu peux avoir confiance en moi. »

Aussitôt dit, elle lui lâcha le petit doigt et des oreilles apparurent sur la tête d’Akemi ainsi qu’une élégante queue de renarde. C’était donc ça son secret ? Cette jeune fille était en fait une Kitsune ? Mugetsu ne savait point quoi répondre, c’était pour la première fois qu’elle voyait une mi-humaine, mi-renarde. Si elle cachait sa véritable personnalité, c’est qu’elle devait probablement en avoir honte et qu’elle aurait peur de le montrer aux autres et de voir leur réaction. Mugetsu se mit à sourire paisiblement et posa ses mains sur celle d’Akemi.

« Il ne faut pas avoir peur de montrer ce que tu est réellement. Regarde ce que moi je peux faire avec mes cheveux, les gens trouvent ça bizarre, mais ce n’est pas pour autant que vais les cacher. Tout le monde est unique en son genre, met toi ça en tête et si quelqu’un te cherche des ennuies, vient me voir. Il faut que tu sois courageuse et forte, montrer aux autres ta valeur. »

Dit-elle de sa douce voix tout en essayant de la réconforter en la prenant dans ses bras et lui caressant la tête. La vie est dure et il faut chaque jour se battre pour montrer que l’on en vaut la peine. C’est ce que Mugetsu a apprit, ne jamais baisser les bras et à chaque coup reçu, se relever. Et ça, Akemi devrait aussi l’apprendre si elle ne voulait plus être humiliée. Elle continua de la serrer et de la caresser, tout comme une mère consolerait son enfant. Subitement, la Principal Adjointe remarqua qu’elle était trop souvent collée à la jeune fille. Elle s’en détacha et s’excusa :

« Pardonne moi si je reste trop collé à toi, cela doit être gênant. »

Mugetsu se leva et soupira. Elle ne l’avait pas remarqué, mais elle s’était très vite attachée à la Kitsune, comme si elle était son propre enfant. Mais il ne fallait pas qu’elle rêve trop, elle était Principal Adjoint et devait simplement encourager ses élèves et les consoler s’ils allaient mal.

« Votre attention, me fait énormément de bien. Vous n’avez pas idée à quel point. Quant à ne pas avoir peur de ce que je suis. C’est bien cela le problème. Cette queue, et ces oreilles, ce n’est pas moi … Je n’étais pas comme ça avant … On m’a transformée, et c’est pour cela, que tout est devenu si difficile à vivre … »

En entendant qu’elle c’était en fait transformée en ce qu’elle est maintenant, fit réfléchir Mugetsu. Elle se posait encore des questions, l’hérissonne voulait jouer au jeu des devinettes. C’était l’une de ses habitudes, analyser les gens, se poser des questions et y répondre toute seule. Déjà, par qui Akemi aurait put se faire transformer ? Une sorcière ? Un monstre ou … par une déesse ? Mais pourquoi en renarde ? Tout ça devenait déjà tellement compliqué pour Mugetsu, il y avait toute sorte d’hypothèse possible. Si elle a été changée en Kitsune, c’était sûrement pour la punir ou pour lui donner une leçon de moral. Mais en renarde … pourquoi ? Peut-être parce que la personne qui l’aurait transformé serait une renarde ? Réfléchissons, on retrouve souvent des renards en statue dans certain temple, tout comme les Tanuki et les Tengu. Car ils sont des esprits magique appelé Mononoke. Donc logiquement, elle aurait été transformée par un esprit renard ou par la divinité du riz Inari, car les Kitsune sont souvent associés à elle. De plus, si c’était si difficile à vivre avec, elle n’avait qu’à cacher sa queue et ses oreilles d’animal. Alors, peut-être qu’Akemi n’a pas été seulement transformé en ça. Peut-être qu’avant c’était un animal et qu’elle aurait été changé en humaine ? Ou soit … autrefois elle aurait été un garçon ? Oui, peut-être car les noms que l’on donne aux esprits renard sont souvent féminin, ce qui signifie que les Kitsune sont perçues comme une notion féminine. Mais le fait qu’elle aurait été autrefois un garçon restait toujours une hypothèse, Mugetsu n’était sûr de rien et ne possédait pas assez d’information pour deviner ce qu’elle était réellement. Pour ce qui est du lieu, ça ne peut être qu’un sanctuaire, celui d’Inari.

* C’est compliqué … * Pensait Mugetsu en croisant les bras.

De toute manière, ce n’était pas ses affaires et elle n’avait aucun droit de jouer au détective, même si elle était haut placée au lycée. L’hérissonne ne voulait pas perturber Akemi avec ses questions. Elle allait la laisser tranquille, la Kitsune lui en avait déjà beaucoup dit. Une question la frappa : Ses parents, ils sont où ? Ils savaient pour leur fille ? Mugetsu ne put s’empêcher de replonger sa tête dans les dossiers des élèves. La Principal Adjointe écarquilla les yeux : Akemi était orpheline. Et encore d’autres questions se chevauchèrent dans la tête de Mugetsu. Ils seraient décédés ? Ils ont abandonné leur fille ? Ou bien elle n’en aurait jamais eue, car autre fois elle était un animal ? Une légère vague de tristesse traversa l’hérissonne, maintenant elle comprenait pourquoi toute l’affection qu’elle venait de lui donner lui faisait tant de bien. Akemi a sûrement passé la plupart de son temps seule, la pauvre devait se sentir abandonné. Elle reposa le dossier sur son bureau et soupira une nouvelle fois. Son regard se dirigea vers la fenêtre et remarqua que le soleil commençait à se coucher. La jeune Kitsune devait se rendre à sa chambre avant que les surveillants ne signalent l’extinction des feux.

« Il commence à se faire tard, tu devrais aller à ta chambre. Si tu veux, je t’accompagne. »